J’ai été au deux, à la file indienne, ça fait un peu compact.

Chez Mot’, j’ai eu droit à l’élaboration d’un ordre du jour qui s’effondre de lui-même. Salah, commence à élaborer un ordre du jour, et en plein milieu sur le sujet de la « fusion » avec 100%, attaque le sujet et lance un tour de parole. Les autres sujets seront traités tant bien que mal.

Discussion sur la difficulté des réunions publiques, où ça ne parle pas. Ils sont dans cette situation où les commissions travaillent mais ne produisent pas (encore) de discours exploitables. Donc personne, ne parle vraiment publiquement. Il me semble qu’il suffirait d’accepter qu’en public chacun parle en son nom, et que Mot’, est actuellement ce rassemblement de gens qui travaillent ensemble, mais qui ne peuvent que parler en leur nom, vu l’immensité de la tâche…

Salah qui ne cessait de se plaindre « qu’est-ce que je vais dire aux journalistes? » semble avoir pris son mal en patience et accepte maintenant de vivre au rythme des commissions…

Avant que la réunion ne commence, gros débats sur un mot dans le dernier journal « sororité » , entre Fred et Ouardia, Fred et ses camarades, l’ayant remplacé par « sorité ». En fait, seules les anti-sexistes mènent aussi leur combat au sein même de Mot’. Pour ce qui est de la démocratie participative, ça se passe jamais en interne…du moins dans ce que j’ai vu.

Tout se termine vers 20 heures, ce qui me laisse le temps de filer à L’AG de 100%

Changement d’ambiance, 50 personnes à l’AG, quelqu’un posera la question où sont les jeunes? C’est vrai que globalement c’est une autre génération…

A la tribune Aline et Lucien, c’est lui qui mène la réunion, ordre du jour tiré au cordeau, interventions limitées à 3 minutes par personnes… et cette impression que rien ne se dit vraiment, qu’on est là toujours dans une représentation, une espèce de rituel où certains montrent leur analyse du moment, en semblant dire « la mienne elle est plus belle que la tienne… ».

Ceci dit, ils s’appuient un boulot considérable. Je suis toujours à 98,79% d’accord avec ce qu’ils disent, Mais c’est le 1,21% qui manque, qui fout tout par terre et j’arrive pas vraiment à le décortiquer.

Dedans, il y a cette façon de tuer le frère, l’ami déviant, le rival, par une analyse politique froide, qui se veut objective. Chez Mot’, les analyses semblent toujours approximatives aléatoires, voir inoffensives, chez 100%, elles sont presque froides sans appel, justes, trop justes.

En assistant à ces deux réunions à la file, je me prends à rêver de deux listes, qui accepteraient tout en restant séparées de ne pas être en concurrence, d’aller jusqu’à avoir certaines commissions en commun, de partager les infos, les outils. Un peu comme un couple qui se sépare en bon terme, qui gère les enfants ensemble, et qui même partage la bagnole.

Se faire des conférences de presse commune, rire en public de leur différent, détourner cette compétition ridicule. (J’imagine la gueule des journalistes.) Refuser au moins la compétition entre frères. Ca serait une belle forme de subversion. Réinventer la subversion, sacré programme! Mais pour la réinventer il faut accepter que celle que l’on a pratiqué jusqu’à maintenant a fait faillite, que nous sommes orphelins, et libres. (hou là là!).

Il n’en est rien, et la concurrence joue à fond. J’étais assez mal pendant l’A.G. quand ils parlaient de Mot’, j’ai l’impression qu’ils parlent d’autres personnes.

Ou peut-être que je ne les comprends pas.

Dans toutes les réunions je suis frappé par cet immense besoin en chacun d’être regardé, écouté, par les autres. C’est biologique, et personne n’y échappe!

Il faudrait presque, au début de chaque réunion, faire une purge verbale des participants, pour qu’après chacun, lorsqu’il prend la parole ne parle que pour alimenter le débat en cours…

Le problème étant que certains sont atteint de dysenterie verbale chronique…

Je repense à ce que dit B. B. plus haut « Recherche démocratie désespérément » ça pourrait être le titre du film. C’est toujours un bonheur, les amis qui mettent les mots justes sur ce que vous faites. J’ai maintenant cette phrase dans la tête quand je tourne.

Je reçois des mails de 4 ou 5 amis, régulièrement sur ce que je fais. Je ne cite pas tout ici, mais c’est pour moi une chance inouïe de me sentir sous ces regards. Je continue une expérience qui bien que coûteuse, fatigante etc. m’apporte des bonheurs que je n’osais même pas espérer. Cette impression par moment que les choses que l’on fait, ont peut-être un sens. Simplement avoir vécu ça, c’est vraiment bien.

13/12/00