Hier, grand meeting 100%. Salle Jean Mermoz. 200 personnes.
Le dispositif meeting, la tribune sur la scène à 10 mètres des premiers rangs, les orateurs qui défilent au micro, sous les projos. D’abord le collectif Ginestous contre l’incinérateur (je ne me ferais jamais à l’idée qu’à cette occasion, on n’évoque jamais que plus d’une centaine de familles tsiganes vivent là dans la merde, et le mépris, mais c’est hors sujet). Ils donnent l’impression de n’être soutenu que par la liste 100%, bizarre. Il me semblait que Mot aussi, mais, bon… Ensuite un de Job, qui arriverait à endormir n’importe quel insomniaque, c’est long, chiant.
Enfin les vraies stars, celles qui savent parler, Aline Pailler, Schwartzenberg, Krivine… C’est le show. On convoque l’histoire, dont on est les héritiers, p’têt pas les seuls, quoique. On pourfend avec emphase la droite, la gauche, (avec comme sous entendus, plus ils sont mauvais, meilleurs nous sommes) on se rassure, on chasse les doutes, on exorcise l’avenir, on annonce le grand soir à venir, enfin, presque, c’est beau et émouvant. La salle applaudi les belles phrases, les jeux de mots vengeurs, les envolées poétiques. Manque l’Internationale à la fin, mais comme ce n’est pas tout à fait le lieu.
Pas un mot sur Mot. Il y avait une consigne? Peut-être que Krivine n’était pas au courrant. Non, je déconne…
Annoncer comme signe des temps que les gens se réapproprient la politique, sans évoquer le phénomène Mot, c’est quand même bizarre.
Je n’arrive pas à croire qu’en assistant à de tels meeting, les gens aient envie de se réapproprier la politique.
Ces affiches avec la tête d’Aline Pailler qui sont partout dans la salle. On est là aussi dans l’incantation.
A la fin F. B. appelle à mettre la main au portefeuille, et surtout à téléphoner aux amis pour les faire voter 100%, pour ne pas avoir à le regretter quand il sera trop tard…
Faire voter…
C’est le dernier grand événement de 100%, pour moi une page se tourne.
D’abord, les restos du coeur, (zut, je fatigue déjà), le repas de tous les quartiers, samedi soir, salle Jean Mermoz. 400/600 personnes, bon, je me suis trompé sur le pronostic.
Les gens investissent la salle s’attablent, j’allais dire avec « femmes et enfants » oups.! C’est très familial dirons nous. Un gars de 100% est là et viens me dire bonjour, je lui demande ce qu’il en pense. Il me demande « où est la politique? il y a eu des prises de paroles? ». J’essaye de lui expliquer, que tous ces gens qui se parlent, c’est peut-être de la politique. Je repense au terme « prise de parole » tout un programme.
Sur scène c’est l’ambiance kermesse avec des spectacles pour les petits et les grands, entrecoupés de « témoignages » qui me font toujours autant penser à des nouveaux chrétiens qui viennent témoigner de leur conversion, et de leur foi en public. Pourtant la sincérité ne fait aucun doute, mais « j’sais pas ! ». Ca me gratte, et avec les applaudissements en prime, faudrait trouver autre chose. Salah termine ces témoignages par une brève intervention qui me rappelle un peu celles du meeting de 100% l’avant veille sur cette même scène. C’est le lieu qui doit faire ça, mais pas que.
Et puis ce que je craignais arrive, le son qui monte, qui monte. 25 musiciens sur scènes genre grosse fanfare, sonorisés par une sono surpuissante, l’ambiance est là, mais quelle ambiance? Celle du gros son roi! J’aime pas. Les gens ne peuvent plus vraiment se parler, il faut se gueuler dans les oreilles, la « fête » devient obligatoire.
J’ai été pêcher ça sur le net à propos d’un livre de Philippe Murray, « Après l’histoire » :
« La solution, c’est la fête généralisée, instrument par lequel le pouvoir neutralise la menace potentielle de rébellion de ces êtres dont il n’a pas besoin, le NON étant noyé dans le ON de l’émotion collective. Qu’ils s’éclatent dans la multiplication des fêtes collectives, et qu’ils ne sachent jamais que le pouvoir leur fait la fête.
Le totalitarisme d’autrefois n’y avait pas pensé. ».
J’aurais imaginé les 25 musicos jouant en acoustique, ce qui aurait fait déjà pas mal de bruits, et le reste de la salle occupé par des tables où les gens discutent boivent. Un espèce de café – concert- mot’. Je dois être vieux jeu.
Tout au long de la soirée je discute avec plein de monde, j’essaye de d’évaluer les conséquences de ce qui s’est passé Mardi dernier au C.A. (28/02/01).
J’ai le sentiment qu’il y a eu là une fêlure que certains cherchent à masquer, et que d’autres voient comme une vraie menace sur le mouvement.
La suite ….>>>