D’abord, à 18h je déboule avec retard à la conf de presse dans un resto de la place A.Bernard. Un paquet de médias !
L’impression que Mot’ se fait serrer dans des dispositifs conventionnels qui ne lui ressemblent pas. Exemple : le lendemain Sa. avec toutes les têtes de listes, de gauche, il me semble, monte à Paris accompagner les Job dans leurs ultimes négociations.
Puis à 19h CA qui devrait finir à 21h.
Bien 25 personnes, dont bien la moitié de filles. Deux morceaux majeurs.
Discussion sur le verso de la profession de foi, est-ce lisible, compréhensible, fidèle à ce qu’est Mot’. Chacun y va de sa remarque. Personne sauf Fr. n’a le souci que « ça fasse voter ». Le texte doit partir le lendemain à deux heures.
Qu’il est terrible le silence qui s’installe, quand après avoir discuté le texte en long, en large, la question est posée: « qui s’y colle pour re-rédiger? ».
Autre question, bien plus grosse celle-là, la préparation de l’AG du 4. Un texte touffu est distribué que chacun épluche.
La question de la coalition étant plus complexe que celle du maintien, Sa. a peur que les partisans du maintien dont il ne semble pas être, soient désavantagés, et réclame qu’il y ait un débat qui ne soit pas que stratégique, mais d’abord politique sur le fond de ces deux attitudes, maintien ou coalition (on ne parle plus de « fusion »). Il a souvent des analyses divergentes qui donnent un éclairage inattendu sur la façon de traiter les problèmes.
Puis vient la question du dispositif de négociation avec le PS. Est évoquée l’idée d’y aller nombreux (20) avec certains qui négocient, et d’autres qui assistent en silence ou à titre consultatif.
Là Sa. pète un câble, il a peur de l’inefficacité totale du dispositif, de son côté usine à gaz, peur aussi d’autres choses que je n’arrive pas vraiment à déceler… Je le vois partir sur une pente savonneuse, l’oeil dans le viseur de la caméra qui tourne en continu ou presque, j’espère que je ne vais pas entendre, de sa bouche, le mot « confiance » que j’ai vu débouler tant de fois ailleurs, espoir déçu.
J’ai l’impression qu’il souffre de se faire trahir par ses propres mots, ce qui brutalement le rend silencieux.
Là ça mets le feu, ça parle, pêle-mêle de démocratie, de politique autrement, du danger du recours à la confiance, de contrôle, de pédagogie, de délégation de pouvoir, de mandat, que la démocratie c’est pas ça, avec en prime des références historiques, etc.
La parole tourne à fond, chacun parle, exprime son espoir d’autre chose, c’est émouvant, presque douloureux.
Même sans caméra, je ne donnerais ma place pour rien au monde.
A la fin, à nouveau le silence terrible évoqué plus haut.
O., à côté de moi, a déjà pris en charge le premier boulot. Je la vois essayer d’éloigner d’elle, avec peine, la tentation de prendre en charge à nouveau ce travail là. Il me semble qu’elle succombera à nouveau.
En fait seul deux personnes sont contre ce dispositif, Sa. et M.
M., il le dira après la réunion, passe des journées entières à travailler pour Mot’, à assurer de partout, parce que personne (ou presque) ne fait le boulot, et après il doit recevoir les critiques, de ceux qui eux ne foutent pas grand chose. Pour lui, la question de la démocratie est plus là, dans la concentration des tâches dans très peu de personnes, qui de ce fait ont le pouvoir, que dans les spéculations de dispositifs de négociations avec le PS. Il me semble qu’il y a là de l’affectif qui mets en rapport deux problèmes proches mais séparés (si si!).
N’empêche que le diagnostic des petites mains que j’avais fait le 19/02/01, n’était pas trop mauvais. Il y a là un vrai problème, tout se passe comme si Mot vivait au dessus de ses moyens démocratico/militant (ça vient de sortir). Si le boulot est effectué toujours par les mêmes, c’est la démocratie qui craint. La solution c’est de générer moins de boulot, donc d’être beaucoup plus modeste dans les actions, ou (et) que chacun prenne également sa part, mais entre une chômeuse, et un avocat surbooké le temps disponible peut-il être partagé? Je sais c’est vachement complexe ce que je dis là, et confus, en prime, mais je ne vais quand même pas me taper tout le boulot. C’est ça aussi la démocratie.
23h, sur le trottoir Ch. qui est très présente au local, et qui n’a pas dit grand chose: « c’est bien quand ça pète un peu, on voit vraiment ce que les gens pensent ».
Samedi, repas de tous les quartiers, salle Jean Mermoz, je suis très sceptique sur le monde qu’il y aura.
Parfois, cette impression qu’en ayant filmé une réunion, j’ai de quoi faire un 52 minutes. C’était le cas hier, mais faut laisser refroidir.