La grosse vague ! Après trois jours de concerts salle pleine, c’est deux jours de rencontre avec un monde fou, dont 22 villes. Le plus impressionnant, à part les gens qui sont là pour échanger, c’est la vague médiatique, le nombre de caméra, de micros, de stylos, j’ai l’impression que dans le champ de ma caméra, j’avais toujours un média.

Quelle va être la pression sur Mot’, quand tous ces médias auront publiés  leurs « produits »?

Les gens se parlent le pied au plancher! La quantité de parole échangée !

Jamais une seule fois un appel à voter pour Mot’.

Il se peut même que l’idée de refaire venir à la politique ceux qui l’ont quitté par lassitude, commence à prendre. J’ai vu quelques têtes.

Krivine à la tribune en Octobre 2000 m’avait fait forte impression, là c’est Saïd Bouamama, qui dans cette salle omnisports avec une sono de merde m’a mis sur le cul. Ca fait partie de ces discours où le mec aligne patiemment plein de chose que tu penses plus ou moins inconsciemment, et leur donne une cohérence, une perspective et en prime te donne l’impression que tu es intelligent. L’intelligence radicale, c’est pas triste.

Le lendemain je le retrouve en train de discuter avec un instit de Mot’ qui semble être un pointu en socio ethno. Et là il y a malaise, j’ai l’impression, non de voir deux humains vivants qui se parlent, mais deux livres face à face qui se répondent feuille à feuille, chapitre à chapitre, index contre index. Très bizarre, chiant même ! Là je me ressens cancre.

Il y a quand même un problème, c’est que les quartiers, les chômeurs, ne sont pas là. L’effet Zebda à ses limites. Là il y a un sacré lézard.

Je tourne à vue, à vide? Je perds mes fils. Dans mes idées de départ je n’avais pas prévu une telle poussée du mouvement. Je suis un peu enseveli par ce qui arrive.

Je continue à essayer de filmer les failles, tout en engrangeant ce qui se passe.

Et les failles sont là, masquées par l’agitation. C’est toujours cette incapacité à penser la démocratie en interne, à la travailler. C’est aussi cette difficulté à penser le réseau. Il y a une montée du mouvement sans que les dispositifs de fonctionnement aussi bien matériel que démocratique soient vraiment mis en chantier. C’est aussi l’extrême confusion des idées.

Ne jamais oublier que tout ça peut s’effondrer pour le troisième tour… Mais quelle aventure !

Demain, rencontre avec 100%

05/02/11